• Critique de Jean Anouilh - Becket ou l’honneur de Dieu - fin

     

    Le thème des sentiments est abordé avec simplicité mais profondeur « –Pourquoi mets-tu des étiquettes sur tout, pour justifier tes sentiments ? – Parce que sans étiquettes, le monde n’aurait plus de forme, mon prince. » « tout s’oublie à vivre » « la sincérité est un calcul comme un autre ».

     

    C’est aussi au conflit Eglise-Etat auquel Anouilh tend un miroir. Et le portrait qui se dresse alors n’est pas beau à voir

     

     

     

    Les personnages ecclésiastiques de la pièce sont pour la plupart corrompus, et ne sont pas animés d’une foi inébranlable. Mais on ne peut pas faire l’éloge du peuple, qui lui-même se réfugie dans la fonction religieuse pour échapper à son statut de sujet.

     

    Et puis, ce livre délivre aussi une leçon de vie, un espoir : celui du courage face à la force, celui de la volonté face à la résignation

     

    Petit bémol cependant, la réédition étant dans une collection jeunesse, il manque un petit annexe de lexique, répertoriant les termes de religion ou d’époque qu’emploie Anouilh à de multiples reprises. Mais les jeunes s’en sortiront aisément armés d’un dictionnaire !

    Il est des ouvrages, dans la littérature, qui méritent, même plusieurs décennies après leur publication, qu’on parle encore d’eux, même s’ils ne sont pas à proprement parler de grands chefs d’œuvres. Becket ou l’honneur de Dieu méritait bien d’être dépoussiéré, tant son caractère intemporel apparaît au fil des pages.

    [les dernières pages] à ne pas lire si vous souhaitez lire l’ouvrage

    Au comble de l’hypocrisie, alors qu’il en est l’investigateur, Henri II fait mine de ne pas savoir qui sont les assassins de Becket. La pièce s’achève ainsi, sur l’hypocrisie du Roi, perverti par le pouvoir ; et sur la mort de l’amitié, corrompue par l’ego, la vanité et le pouvoir.

    [références]
    Becket ou l’honneur de Dieu Jean Anouilh Scripto Gallimard Jeunesse 2006 août 2006 200pages, 9.50€