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    « il est des choses qu'on ne décide pas. Des événements qu'on ne voit pas venir. Et quand ils se produisent, ou sont au bord de se produire, il est déjà trop tard. »

     

    Ce n'est pas l'histoire d'un coming-out. C'est celui d'une passion. Une passion enivrante, mais destructive. Loin du stoïcisme qui avait caractérisé sa vie, à présent débarrassé du mutisme qui censurait ses désirs, notre héros se jette à corps perdu dans ce qu'il avait toujours cherché, finalement. Un instant d'abandon.

     

    « Notre propre perversité, souvent, on ne la mesure pas, elle nous échappe ». Parce qu'il vit cette histoire comme une délivrance, notre flic de L.A, qui plonge dans l'inconnu, tâte le terrain, fait des erreurs, fait mine d'ignorer les indices qu'il laisse derrière lui. Ainsi, il présente Jack Bell à sa femme, et sa mère même, qui comme si elle l'avait toujours su, laisse faire. L'expérience est salvatrice. Elle libère les frustrations, rétablit une vérité, refoulée.

     

    Les deux tourtereaux s'en vont, à Monterey, faire une virée, loin de la ville, des lumières. C'est l'abandon, l'un à l'autre, abandon de ses propres croyances aussi. Le bousculement des conventions. Ils font l'amour, se découvrent l'un l'autre.

     

    Mais une fois le fantasme réalisé, une fois l'expérience vécue, le bonheur de la première fois évaporé, il faut bien retourner à la réalité, cette réalité telle qu'on l'avait conçue, avant. Avant le basculement. Les choses d'après ne sont pas si faciles à accepter.

     

    « la vérité, c'est qu'il ne fallait pas faire beaucoup d'efforts pour comprendre ce qui était en train d'advenir, mais qu'il fallait en faire énormément pour l'admettre ».

     

    Mais voilà, la machine est lancée, l'éphémère du fantasme était un mensonge. La passion vous ronge les sangs, vous pousse à la folie. Renier ses valeurs, abandonner son foyer, oublier son cocon pour « aller plus loin ». Notre héros s'écorche devant l'absence, s'automutile avec des pensées dévastatrices. L'absence le détruit. Retrouver l'ivresse, voilà ce qu'il veut.

     

    Et en arrière-plan, le meurtre, toujours irrésolu. L'investigation qui progresse. Au fond, on sait que Jack Bell est lié d'une manière ou d'une autre à ce meurtre. Notre question de lecteur est de savoir comment la passion va survivre à ça ! Va-t-elle se fondre dans l'inacceptable, ou se briser devant l'inavouable ?

     

    Chez Philippe Besson, la trame, au final, importe peu. Les lieux, les actions, tout n'est que prétexte à mettre en place les personnages. On gratte la surface, pour voir de quoi sont capables les êtres humains en temps de crise, de « basculement ». Ce n'est pas l'histoire d'une enquête policière, c'est l'histoire de deux personnes face à cette enquête. Leurs réactions, leurs tâtonnements, leurs conflits égotiques. Jack Bell, l'enfant-star, à son heure de gloire, mais dont les silences, les hésitations, traduisent un mal-être évident « il prétendait que la gloire soudaine et précoce peut détruire plus facilement qu'un revolver pointé sur une tempe ». Le flic de L.A, avec une enfance dramatique, une tentative échouée de construire sa vie sur une stabilité fantasmagorique, qui se rattache à une existence conventionnelle pour lutter contre des désirs qu'il n'écoute pas, au risque de basculer...

     

    « Avions-nous été autre chose que de très bons comédiens dans des existences qui nous étaient étrangères ? »

     

    Et puis leur rencontre, improbable. « nous nous sommes percutés à la manière de deux trains roulant à pleine allure l'un vers l'autre sur la même voie ». Dans ce genre d'accident, il y a rarement des survivants. Mais s'il y en a, leur sort n'est pas à envier.

     

    Un roman sans happy end. Philippe Besson n'en fait pas trop. Il a distillé un instant de vie, l'a plongé dans l'acide sulfurique, et l'observe au microscope.

     

    Cette lecture n'a rien d'accidentelle, foncez droit dedans.

     

    [références]

     

    • Philippe Besson un homme accidentel

    • Editions Julliard, 2008

    • 244 pages, 19E

     

     

     


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    Si Philippe Besson n'avait pas été écrivain, il aurait pu être, au choix, psychologue, ou ethnologue. Son talent est tel pour sonder les âmes, qu'on peut se demander s'il n'exerce pas l'une de ses professions - vraiment. Si son statut d'auteur n'est pas qu'une couverture. Quoiqu'il en soit, en cas de crise dans le milieu de l'édition, il a déjà une reconversion assurée.

     

     

    Son personnage principal est le portrait typique d'un Monsieur-Tout-Le-Monde. Flic à Los Angeles, il mène une vie semblable à tellement d'autres, marié, une femme enceinte, un boulot pas trop encombrant, bref, la routine. Il n'a pas l'étoffe d'un modèle, il n'en a pas le courage, ou peut-être lui manque-t-il seulement la volonté. Le portrait type de l'antihéros qui arrive là par hasard, à qui il ne viendrait pas à l'esprit de remettre en cause l'ordre établi. 

     

    Et puis, il y a ce meurtre, dans les rues tranquilles de Beverly Hills, des rues aux maisons surprotégées par des caméras de surveillance et des milices privées. Bref, le genre de quartier résidentiel communautariste replié sur lui-même qui ferait fuir n'importe quel voleur. Mais voilà, il y a ce corps, celui de Billy Greenfield, retrouvé mort sur les belles pelouses de Crescent Drive. Un pauvre gars, lui. Prostitué, drogué. Est-ce que la routine de notre flic s'en trouve bouleversée ? Non, pas vraiment. « je n'aurais pas sauvé Billy Greenfield si j'avais croisé sa route plus tôt. Du reste, je n'en ai sauvé aucun ».

     

    Mais il y a le moment décisif, l'instant où tout bascule. Le carnet de la victime, où apparaît le nom de Jack Bell, enfant-star adulé, tombé dans l'oubli après un scandale, maintenant en comeback. En pleine heure de gloire. Et l'entrevue du flic avec la vedette.

     

    Avec ça, l'explosion des sentiments. L'animalité des passions, qui, depuis des années, attendait le moment propice pour apparaître, mais restait terrée dans un coin, sous la pression des conventions, du conformisme. Un regard trop appuyé, un silence trop long, une poignée de main qui s'éternise, et l'esprit est bousculé, rejeté dans ses derniers retranchements.

     

     


  • Ce livre est devenu une référence dans le domaine de la vente en viager. Ici nous nous arrêterons sur 2 questions essentielles de la vente en viager : le diagnostic immobilier et où vendre en viager ariège ?

     

    Diagnostiquer mon bien immobilier en viager

    Depuis janvier 2011, le vendeur doit absolument réaliser un certain nombre de diagnostics sur l’état de son bien. Le vendeur doit présenter des documents sur les diagnostics suivants :

    • Diagnostic de performance énergétique (DPE) : Ce diagnostic permet d’évaluer la perte d’énergies dans votre maison ou votre appartement.

    • Diagnostic de gaz à effet de serres (CO2) : Ce diagnostic évalue votre consommation de CO2 sur l’année

    • Le plomb

    • L’amiante

    • L’état parasitaire

    • Diagnostic de l’installation de gaz, etc…

    L’ensemble de ces diagnostics doit être réalisé par un spécialiste (un diagnostiqueur immobilier) qui vous fournira un bilan complet sur votre bien. Ces documents seront indispensables pour la vente de votre bien.

    Vendre mon viager par un professionnel ou en PAP ?

    Cette question est très importante car votre choix va forcément influencer la réussite ou non de la vente de votre bien.

    Si vous souhaitez vendre votre bien, le particulier à particulier (PAP) est une solution qui vous permettra d'éviter les intermédiaires et de nombreux sites internet sont disponibles pour passer votre annonce gratuitement. Cette pratique est de plus en plus courante car de nombreux acquéreurs ne souhaitent pas payer les frais d’agence.

    Cependant pour le vendeur passer par un professionnel de l’immobilier, vous permet d’obtenir des services supplémentaires et d’être accompagner et surtout conseiller dans la vente de votre bien. De plus le professionnel ayant une connaissance du marché, il saura communiquer de manière efficace au près de ces partenaires et de son fichier « acheteurs » pour trouver un acquéreur rapidement.

    VADE MECUM DU VIAGER Héritez de vous-mêmes, vendez en viager , de Hervé Lapous, SPM éditions, 2017

     


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    Le thème des sentiments est abordé avec simplicité mais profondeur « –Pourquoi mets-tu des étiquettes sur tout, pour justifier tes sentiments ? – Parce que sans étiquettes, le monde n’aurait plus de forme, mon prince. » « tout s’oublie à vivre » « la sincérité est un calcul comme un autre ».

     

    C’est aussi au conflit Eglise-Etat auquel Anouilh tend un miroir. Et le portrait qui se dresse alors n’est pas beau à voir

     

     

     

    Les personnages ecclésiastiques de la pièce sont pour la plupart corrompus, et ne sont pas animés d’une foi inébranlable. Mais on ne peut pas faire l’éloge du peuple, qui lui-même se réfugie dans la fonction religieuse pour échapper à son statut de sujet.

     

    Et puis, ce livre délivre aussi une leçon de vie, un espoir : celui du courage face à la force, celui de la volonté face à la résignation

     

    Petit bémol cependant, la réédition étant dans une collection jeunesse, il manque un petit annexe de lexique, répertoriant les termes de religion ou d’époque qu’emploie Anouilh à de multiples reprises. Mais les jeunes s’en sortiront aisément armés d’un dictionnaire !

    Il est des ouvrages, dans la littérature, qui méritent, même plusieurs décennies après leur publication, qu’on parle encore d’eux, même s’ils ne sont pas à proprement parler de grands chefs d’œuvres. Becket ou l’honneur de Dieu méritait bien d’être dépoussiéré, tant son caractère intemporel apparaît au fil des pages.

    [les dernières pages] à ne pas lire si vous souhaitez lire l’ouvrage

    Au comble de l’hypocrisie, alors qu’il en est l’investigateur, Henri II fait mine de ne pas savoir qui sont les assassins de Becket. La pièce s’achève ainsi, sur l’hypocrisie du Roi, perverti par le pouvoir ; et sur la mort de l’amitié, corrompue par l’ego, la vanité et le pouvoir.

    [références]
    Becket ou l’honneur de Dieu Jean Anouilh Scripto Gallimard Jeunesse 2006 août 2006 200pages, 9.50€

     

     

     


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    Scripto, la collection de Gallimard Jeunesse, réédite une des pièces de Jean Anouilh, connue surtout pour sa réactualisation d’"Antigone". Il s’agit là de « Becket ou l’honneur de Dieu ». La symbolique de toute l’histoire tient sur la couverture : une poignée de main fraternelle, amicale. Mais éphémère, portée par les circonstances. Anouilh nous transporte dans l’Histoire moderne de l’Angleterre, quelques temps après que les Normands, dont Guillaume le Conquérant, se soient appropriés les terres. Henri II se lie d’amitié pour Becket, un gentilhomme, un « Saxon » à son service. Mais l’affection ne peut s’entretenir lorsqu’elle est pervertie par l’orgueil et le pouvoir.

     

     

     

    En effet, le roi d’Angleterre, après la mort du grand Archevêque, voit l’occasion rêvée de contrôler l’Eglise en confiant le poste à Becket. Celui-ci, contraint, accepte sa fonction. Mais bien vite, il est rattrapé par celle-ci, et découvre « l’honneur de Dieu », qui ne peut s’abaisser à la corruption.

    Blessé dans son orgueil, Henri fera tout pour pourchasser son meilleur ennemi, oscillant entre amour et haine, faisant usage de toute l’hypocrisie dont il est capable.

     

    Le dramaturge navigue dans le temps et l’espace, nous emmenant toujours où il veut, sur le trône du Roi, dans une cathédrale ou même dans une cabane perdue dans les bois. Il utilise également toutes les tonalités dont il dispose, conférant à la pièce une dimension tragi-comique. L’acte 2, où il dresse le portrait satirique des barons, « un baron qui se pose des questions est un baron malade » fait irrémédiablement penser à la peinture des courtisans que dresse La Bruyère dans Les Caractères. Autre temps, pas forcément autres mœurs !

     

    Becket ou l’honneur de Dieu Jean Anouilh Scripto Gallimard Jeunesse 2006 août 2006 200pages, 9.50€